Allo papa tango Charlie ? Je suis perdue !
Allo, vous m’entendez ? J’ai perdu ma position.
Et oui, vous le verrez chaque jour de randonnée aura son lot de péripéties.
La journée avait bien commencé.
C’est le jour J !
Ca y est, je quitte la ferme avec mon cheval Orphéo pour 4 jours de randonnée en solo.
C’est vibrant ! c’est grisant ! C’est l’inconnu ! C’est PARTI !
A ce moment là, je suis loin d’imaginer ce qui m’attend. Et que devrais-je dire d’Orphéo qui pense peut-être partir pour une petite balade et qui s’apprête à vivre sa première randonnée loin de son pré et de son compagnon le poney.
GPS au poignet, c’est parti pour notre traversée du Morvan.
La première journée est la plus longue du périple : 26km.
Je vous avouerai que j’ai demandé à un ami randonneur de me programmer le parcours et les étapes.
Je comprendrai vite mon erreur, dès la première journée.
Certes, j’ai fait appel à un randonneur aguerri et sportif, mais qui n’est NULLEMENT cavalier et qui n’a pas la connaissance du terrain ARDU du Morvan.
Je vous le dis, c’est une grosse erreur !
Et en même temps, toute seule, je ne parvenais pas à construire mon parcours.
De plus, on a beau s’imaginer avoir pensé à tout, une première expérience est inévitablement imparfaitement maîtrisée. C’est ce qui la rend initiatique, n’est ce pas ?
Bilan
4 journées : 26km – 16km – 22km – 22km
Temps de marche effectué : 9h – 6h – 9h – 9h (c’est énorme !)
Des hébergements équestres réservés à chaque étape.
Vous avez compris le problème ?
👎 Un parcours surévalué en km.
👎 La contrainte de devoir atteindre chacune des étapes pour dormir et nourrir mon cheval.
👎 Un terrain souvent accidenté, pierreux, en pente ou montée abruptes.
👎 Un cheval non entrainé qui passe la plus grande partie de son temps tranquillou dans son pré, pendant que je vis en région parisienne.
Maintenant lorsque l’on fait quelque chose pour la première fois, il y aura TOUJOURS des imprévus, des ratés. C’est la règle du jeu.
En 4 jours, j’ai beaucoup appris par l’expérience. Par exemple, je sais désormais que sur cet environnement 15 km est LARGEMENT suffisant pour Orphéo.

Le déjeuner sur l’herbe

Revenons à cette première journée.
J’alterne monte à cheval et marche. Les paysages sont sublimes.
J’ai une pensée émue lorsque je repense à notre première pause déjeuner.
Je tombe sur un pré ouvert surplombant, parsemé de fleurs sauvages.
Je décide de laisser mon cheval errer librement et de manger dans ce cadre inouï.
Au contact d’Orphéo, je me sens revenir à l’essentiel. Je sens ma part animal, ma connexion au vivant, aux éléments.
Nous savourons ce moment paisible en présence l’un de l’autre, tout simplement.
Après ce déjeuner sur l’herbe, Orphéo rechigne un peu à repartir. Je le comprends, on était tellement bien.
Nous arpentons les chemins, traversons les forêts. Tout va bien, jusqu’à…
Allo papa tango Charlie ! 😟
Jusqu’à ce que je change les piles de mon GPS de rando.
Après avoir rallumé mon GPS, je me rends compte que j’ai perdu le tracé du parcours de ma première journée.
Oups !
Avez-vous vu le film Antoinette dans les Cévennes ?
L’héroïne inexpérimentée et un peu godiche parcourt le chemin de Stevenson avec un âne pour retrouver son amant.
En tentant de retrouver du réseau téléphonique pour lire les sms de son amant, elle perd son chemin et s’égare (au sens propre et figuré d’ailleurs) et … elle finit par passer la nuit dehors !
A ce moment là dans la forêt, j’ai repensé au film et je me suis vue passer la nuit dehors, sans tente et avec mon cheval.
A ma grande surprise, j’ai souri et je suis restée calme. Si si !
J’ai continué dans la forêt en essayant de me repérer tant bien que mal.
Je finis par sortir de la forêt et arriver dans un lieu-dit… désertique sinon ce ne serait pas drôle.
Lorsqu’enfin j’aperçois un être humain.
Je m’informe de ma position et lui indique ma direction. Je comprends que je n’ai pas emprunté le bon chemin et que j’ai fait un long détour. Toutefois, il me dit que ma destination est à 6 km par la route.
Plutôt que de rechercher les chemins, je décide d’emprunter la route pour arriver à bon port.
J’utilise alors mon option « appel à un ami » et contacte le responsable de ces 26km !
A distance, il joue le rôle de GPS jusqu’à mon point d’arrivée, chez Martine.
Martine dans la tempête existentielle
Ce soir là, je dors chez l’habitant. Martine a un pré et du fourrage pour mon cheval.
Je passe la soirée avec elle.
Cette femme, que je ne connaissais pas avant, me livre le récit de son histoire.
Et quelle histoire !
Sa vie est jalonnée d’épreuves INCROYABLEMENT dures. Les drames se répètent inlassablement.
Je suis touchée de ce don sans filtre.
En même temps, cette rencontre me laisse songeuse. 🤔
Qu’est ce qui se joue dans cette rencontre pour moi ?
Pourquoi certaines personnes voguent sur un long fleuve tranquille et d’autres enchaînent les tempêtes ?
Où je me situe ?
La répétition des drames de sa vie m’interpelle. Me revient en tête cette phrase de Carl Gustav Jung :
« Ceux qui n’apprennent rien des faits désagréables de leurs vies,
forcent la conscience cosmique à les reproduire autant de fois que nécessaire,
pour apprendre ce qu’enseigne le drame de ce qui est arrivé.
Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes te transforme. »
Au moment d’aller me coucher, je sens que j’ai besoin de me poser, de prendre de la distance, de me retrouver. Je sens aussi que j’ai besoin de légèreté.
Je dors dans la chambre de sa fille, lourdement handicapée, qui vit à l’année dans un institut spécialisé.
Sur la porte de sa/ma chambre, il y a un verrou à l’extérieur. Un frisson me parcourt le corps. Je me sens mal à l’aise par rapport à ce détail.
Je prends quelques minutes pour méditer,
puis j’allume mon application deezer et j’accueille la musique aléatoire qu’elle me propose.
J’entends la voix de Grand corps malade qui prononce à mon oreille :
» Y a pas d’recette, pour supporter les épreuves
Remonter l’cours des fleuves, quand les tragédies pleuvent
Y a pas d’recette, pour encaisser les drames
Franchir les mers à la rame, quand l’horreur te fait du charme
Y a pas de recette, quand t’en avais pas non plus
Personne t’avait prévenu, tu t’es battu comme t’as pu
Y a pas de recette, quand l’enfer te sers la main…
Mais tu t’es mise à chanter, même pas par choix
Comme à chaque chute, à chaque fois, ça c’est imposé à toi
Chanter, comme un enfant surpris, comme un instinct d’survie, comme un instant d’furie
Chanter pour accepter, exprimer, résister, avancer, progresser, exister
Chanter comme une résilience, une délivrance
Chanter comme une évidence »
La soirée s’achève ainsi…
Et vous ?
Prenez un temps pour voir ce que la lecture de ce récit a produit en vous.
Quels liens tissez-vous avec ?
✍ votre vie,
✍ vos expériences,
✍ vos projets,
✍ votre appréhension de l’inattendu ?
Notez ce qui vous vient spontanément, librement, sans vous censurez.
Enfin, partagez-moi librement vos ressentis, vos réflexions, issus de votre mise en perspective.


Retrouvez les autres épisodes de mon aventure !
Cet été, je me lance un grand défi personnel :
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 2
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 4
Comment ma communication a failli me rendre SDF 😟