Mon Histoire

Emilie Grégoire, Fondatrice d'iTer AGIR

Mon histoire (1/3)

Voici 3 expériences personnelles qui illustrent mon chemin et qui ont impacté mon identité professionnelle. Parce que j’accorde de l’importance à l’histoire de vie et aux savoirs expérientiels… en complémentarité des savoirs techniques et académiques.

1/ Ma reprise d’études : ma détermination à lutter contre toute forme de déterminisme

Jeune, j’avais un rapport compliqué à l’école. 
En situation d’échec scolaire, j’ai été ce que l’on appelle communément une « décrocheuse scolaire ». 

Je quitte le système scolaire classique en 3ème. 
Après une tentative de CAP en alternance inachevée, je me lance dans des fonctions de commerciales et deviens, à 22 ans, chef de publicité dans la presse médicale. 

Une première victoire pour moi !

Mais très vite mon entourage professionnel (essentiellement constitué de médecins et professeurs en médecine) m’amène à ressentir un sentiment d’illégitimité.

Je décide alors de quitter cette belle situation pour entreprendre des études.

N’ayant jamais été au lycée, j’entreprends d’abord une équivalence BAC, appelé DAEU (Diplôme d’Accès aux Études Universitaires). 

Je ne vous cache pas que mon entourage personnel a été surpris que je veuille faire des études universitaires. Cela aurait rassuré les âmes raisonnables et protectrices autour de moi que j’envisage plutôt de faire un BEP.

Qu’à cela ne tienne ! Je n’ai écouté que mon envie profonde. 

L’équivalence BAC en poche, j’ai entamé des études universitaires en Lettres et sciences du langage. 

Je me suis dirigée vers ce qui faisait sens pour moi à ce moment là de ma vie, sans chercher une quelconque stratégie de carrière derrière.

J’ai vécu ces études comme une forme de (re)construction personnelle.

Bien sûr, parfois j’ai été assaillie de peurs, de doutes, de remises en question.

Mais j’ai persisté.

Les années d’études se sont enchaînées avec de plus en plus de facilité, avec l’envie de toujours en apprendre plus.

J’ai enchaîné DEUG, Licence, Maîtrise, un Master Recherche et un Doctorat à la Sorbonne que je ne finaliserai pas.

Entre temps, j’ai découvert l’univers de l’accompagnement et de la formation, la naissance d’une nouvelle passion pour moi.

Ce que je retiens de cette expérience :

De ce parcours atypique, j’ai acquis la conviction de ne jamais présupposer des ressources motivationnelles d’un individu.

Cette expérience m’a appris à dépasser mes a priori, mes croyances limitantes, à ne pas capter les inquiétudes et les doutes de mon entourage pour les faire miennes, à être plus à mon écoute, à m’appuyer sur mes envies.

À l’époque, savez-vous sur quoi portaient mes travaux de recherche ?

Sur la dialectique entre la liberté et l’enfermement.

Et oui…

ma quête de Liberté vient de loin.

J’ai eu à cœur de comprendre ce qu’est la Liberté et tout ce qui peut l’entraver.

Au travers de cette expérience, j’ai pris conscience de ma détermination, de ma capacité à agir et de ma capacité de résilience.

Ces traits de personnalité s’appuient sur une conception de l’être humain non-déterministe.  
Je conçois l’individu :

« non comme un simple produit social, esclave de fatalités, mais comme un processus en devenir, possédant toujours une certaine liberté lui permettant d’apprendre, de faire des choix et de changer»
(Jean Pierre Cartier)

Par la suite, j’entreprendrais un deuxième Master dans le champ de l’accompagnement à l’université de Paris 8 et d’autres formations complémentaires.

“A l'instant où l'esclave décide qu'il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent”

GANDHI

Mon histoire (2/3)

2/ Le cheval : Une hyper conscience de la relation

Enfant, je rencontre les chevaux.

Véritable coup de foudre, puis source d’inspiration dans ma relation à l’Autre.

J’apprends à monter, éduquer et dresser les chevaux, selon les principes que l’on m’enseigne.

Plus tard, adulte, j’entrevois une autre manière de faire avec les chevaux, plus en adéquation avec mes valeurs.

Je décide de désapprendre tout ce qu’on m’a enseigné pour trouver une autre posture, créer une autre relation avec le cheval.

Sur ce chemin, je rencontre l’éthologie équine (l’étude du comportement des chevaux). Une discipline pour laquelle je me passionne.

De mes recherches, de mes observations de terrain, j’établis une nouvelle relation qui s’apparente au système relationnel des chevaux entre eux.

J’apprends à affiner ma communication, en particulier ma communication non verbale et à prendre conscience de ma manière d’être et de son impact sur le cheval.

Mon comportement et ma pratique évoluent avec le temps. Elle se base aujourd’hui davantage sur la coopération et le respect mutuel et moins sur un rapport de domination, d’asservissement.

Ce que je retiens de cette expérience :

Le cheval m’amène à prendre conscience de ma posture, de mon approche (défensive, agressive, apaisée, etc).

Par sa sensibilité, lors de nos rencontres,  il me renvoie mes états d’âme, m’indique si je suis alignée ou dissonante ce jour-là.

Il m’apprend à être centrée sur l’Autre et à entrer en relation avec l’autre.

Sans oublier d’être aussi connectée à mes émotions.

J’ai observé un parallèle évident entre l’évolution de ma posture avec le cheval et mon expérience de l’accompagnement des personnes.

À mes débuts, j’ai pu être directive, dirigiste, quoique pleine de bonnes intentions, puis ma pratique a évolué, c’est transformée, plus en adéquation avec mes valeurs humanistes.

Mes recherches et formations m’ont permis d’être plus congruente.

Aujourd’hui, j’adopte une posture de facilitatrice, centrée sur la personne.

Je favorise la co-construction et je respecte la singularité de mon interlocuteur.

“Très lentement, et souvent trop tard, l'homme commence à reconnaître dans l'animal son témoin, son altérité irremplaçable”

Georges Steiner

Mon histoire (3/3)

3/ La maladie et l’handicap de mon fils : l’apprentissage de l’acceptation et de l’authenticité

A 37 ans, je mets au monde mon premier et unique enfant : Solal. 

Mon fils a 3 mois, lorsque l’on m’annonce qu’il a une maladie génétique endocrinienne rare. 

C’est le choc !

3 semaines plus tard, une nouvelle annonce tombe : il présente une surdité dite « moyenne ».

A priori aucun lien entre les deux, juste une addition particulièrement salée.

La première année de mon fils, j’ai dû faire face à une succession d’examens médicaux que je vivais, à chaque fois, comme une épreuve angoissante. 

J’ai vécu l’expérience de la peur ultime, celle de perdre son enfant. Cette peur s’est cristallisée, provoquant chez moi douleurs et blocages physiques.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, d’autres événements douloureux se sont cumulés à la même période.

Cette épreuve m’a fait passer par toutes les phases : état de choc, de sidération, d’injustice, de colère, de tristesse, d’impuissance.

Voilà dans quel contexte, j’ai découvert la parentalité. 

J’aurais pu m’effondrer.

Mais non !

Ce n’était pas envisageable pour moi, encore moins pour Solal.

Cette période nous l’avons affrontée ensemble, chacun à sa façon.
Elle n’était pas là par hasard.
Elle avait des choses à m’apprendre, à nous apprendre.

Pour préserver mon fils, pour me préserver, j’ai dû prendre du recul.

Lorsque j’ai su reconnaître ce que cette expérience avait à m’enseigner, la transformation s’est opérée et tout s’est aligné en moi.

Aujourd’hui, Solal est un petit garçon lumineux, plein de joie, farceur, communicant.

Il aime plus que tout rire et faire rire. 

Il a développé une grande faculté d’empathie et d’observation.

L’accompagner dans son développement et dans l’acquisition du langage est passionnant. S’en dégage un sentiment de joie intense mêlé à beaucoup de fierté. 

Ce que je retiens de cette expérience :

Au travers de cette expérience, j’ai appris l’Acceptation et j’ai gagné en authenticité. 

J’ai appris à être à l’écoute de mon corps, à lâcher prise, à ne plus être en résistance, à accueillir et à accepter mes émotions. 

Grâce à Solal et à cette expérience singulière de parentalité, je me suis reconnectée à moi-même et j’ai amélioré mes relations aux autres. 

Je peux dire aujourd’hui que Solal, avec tout ce qu’il est, est la plus belle rencontre que j’ai pu faire.
La plus déroutante et la plus développante. 

Je l’accompagne, mais lui aussi m’aide à grandir. 
À sa façon, il me guide et me montre des chemins merveilleux qui enrichissent tant ma vie personnelle que professionnelle.

Il a indéniablement renforcé ma confiance en la vie et dans le potentiel humain. 

“Merci à toi Solal de me montrer ce beau chemin.”

“Il existe un curieux paradoxe qui fait que c’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer.”

Carl Rogers