Privilégies-tu le dialogue ou la conversation/débat ?

Encore la semaine dernière, j’observais l’impact de deux modes de communication différents avec une même personne : le dialogue et la conversation/débat. J’ai fait alors l’expérience d’éprouver simultanément une ouverture et une fermeture de mon être, une proximité dans l’altérité et un éloignement.

Depuis des années, j’explore les postures relationnelles, les attitudes interpersonnelles et leurs potentiels impacts sur la qualité de la relation et plus spécifiquement sur la relation d’accompagnement.

Or, certaines modalités de communication sont plus particulièrement au service du lien entre les êtres et du développement des personnes.

Aujourd’hui, je te partage une clef de lecture pour comprendre ce qui se joue dans tes relations, quel que soit le domaine : social, familial, professionnel, amoureux…

Nous ne cessons d’avoir des conversations qui, si tu y regardes de plus près, guident l’interaction vers une forme de « débat ». Certes, la conversation/débat a des avantages : par exemple, éprouver un échange vivant, prendre une décision rapidement.

Plutôt que d’exclure le débat, qui a son utilité, je t’invite à mettre de la conscience sur tes interactions.

Aujourd’hui, j’aimerais te partager une alternative : le dialogue.

Mais c’est quoi les différences entre le dialogue et la discussion/débat ?

Pour faire cette distinction, je m’inspire des travaux de mon ami Marc Thiebaud ( cooperer.org )

Lorsque j’adopte un mode de communication basé sur la discussion/débat :

Je présente et défends un point de vue et tente d’évaluer la « bonne » pensée.

Mon attention est portée sur l’évaluation.

 Je parle pour convaincre, faire entendre un avis, une opinion, une représentation.

 Je m’abandonne à des suppositions, des interprétations.

 Mon propos repose sur mes acquis, mes connaissances.

 J’exprime mes préférences.

 Je m’attache à mon besoin d’appartenance et à mes identifications.

 J’argumente, justifie mon propos, oppose des idées.

 J’écoute pour répondre.   

Lorsque j’adopte un mode de communication basé sur le dialogue :

 Je rentre dans un état d’ouverture et de curiosité à l’autre et à moi-même dans la relation.

 Je cultive ma faculté à être en empathie.

 J’accueille ce que dit l’autre sans juger, ni interpréter.  

 Je favorise l’usage des feed-back : je mobilise des reformulations, je donne à mon interlocuteur un reflet de ses propos et/ou je lui partage un vécu, une résonnance, sans être dans la réaction ou la critique.

 Je m’ouvre à différents points de vue, j’élargis mon champ de vision, j’accueille la différence et l’altérité pour ce qu’elle a à m’apprendre.

 Mon questionnement est ouvert et sert mon besoin de clarification et de compréhension.

 Je porte mon attention sur le vécu de l’autre sans chercher à y opposer mes préférences.

 Je partage ma vision sans chercher à l’imposer, à la défendre, sans chercher à convaincre, sans chercher à démontrer les aspects discutables du point de vue de l’autre.

 Il y a une apposition et non une opposition des singularités.

Je vois dans les particularités du dialogue un ART d’être en relation, mais aussi des compétences nécessaires aux missions du professionnel de l’accompagnement humaniste.

Les « pratiques de Relations Authentiques » (Authentic Relating), dont je te parlerai plus longuement une prochaine fois, offrent des jeux relationnels qui te permettront de muscler tes capacités à Être et certaines compétences relatives à tes fonctions d’accompagnant : être présent à toi-même, nourrir le lien avec l’autre, développer tes facultés d’écoute, d’empathie et d’auto-empathie, savoir faire un feedback.

Bref…. être en relation de façon authentique et nourrir les principes de congruence, d’acceptation et de considération positive inconditionnelle.